Kia vient chasser sur les terres Audi et BMW avec cette étonnante Stinger, une berline-coupé sportive de 370 chevaux. Et c’est du brutal. Voici notre essai.

Je n’irai pas par quatre chemins : j’ai failli intituler cet article « La Porsche de Kia » tant cette voiture m’a bluffé et enthousiasmé, et par certains aspects, rappelé le plaisir brut de conduite que l’on peut connaitre à bord d’une Panamera, voire d’une 911.

Exagéré ? Vous vous demandez peut-être quelle mouche m’a piqué ou quelle moquette j’ai fumé avant d’écrire cela mais rassurez-vous je vais bien et selon les derniers examens il se confirmerait que j’aie encore toute ma tête. Et je persiste et signe : cette Kia Stinger est la voiture la plus jouissive qu’il m’ait été donné d’essayer depuis longtemps.

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Kia Stinger, mais qu’est-ce que c’est ?

Ok je vous vois venir. Comment un constructeur hyper généraliste de petites voitures populaires en provenance du Pays du Matin Calme peut-il produire de façon crédible un tel engin ? L’histoire est simple. C’est celle d’un constructeur qui ne cesse d’étoffer et d’améliorer sa gamme et qui a besoin d’un « flagship » pour asseoir son image dans l’inconscient collectif. La Kia Stinger jouera ce rôle à la fois difficile et excitant. Présentée sous la forme d’un concept-car au salon de Francfort 2011 sous le nom de Kia GT, puis devenant au salon de Detroit 2014 GT4 Stinger, la Kia Stinger est devenue réalité lors d’une présentation de lancement à Milan début 2017, qui nous avait déjà enthousiasmés et rendus curieux et impatients de prendre la bête en main.

Nous avons donc eu le privilège d’essayer la Kia Stinger dans sa version la plus puissante durant deux jours d’essais presse internationaux sur les superbes et désertes routes de la région de Majorque dans les Baléares. Un contexte routier et climatique parfait pour prendre toute la mesure de cette auto étonnante et tellement attachante.

Présentation et design

Avec son empattement de 2,905 m et sa longueur hors tout de 4,83 m, la Kia Stinger se classe dans la catégorie des grosses berlines. Mais ce n’est pas une « simple » berline. Parlons plutôt de berline-coupé car la voiture est basse et large et évoque sous certains angles davantage un coupé sport qu’une familiale. C’est cette ligne tendue – à la fois étirée et trapue tout en ne négligeant pas quelques rondeurs – qui évoque pour moi une Panamera, alors que certains y verront davantage les dimensions d’une Audi A5 ou A7 Sportback ou encore d’une Jaguar XE. Alors elle manque de personnalité cette Stinger ? Pas vraiment, mais tout dépend de l’angle de vue et surtout du coloris. J’ai roulé le premier jour avec un modèle gris « industriel » puis le lendemain avec la version habillée du fameux et superbe rouge indien nacré « officiel ». Inutile de vous dire que si le gris est chic et original, c’est le rouge qui a eu ma préférence.

Malgré quelques petites aspérités très asiatiques et qui à mon avis surchargent inutilement la ligne, l’ensemble est réussi et évoque la sportivité autant que le confort. Les grosses jantes larges de 19 pouces au design superbe ainsi que les diverses entrées d’air, notamment sur le capot avant, ne sont pas étrangères à cette personnalité finalement très affirmée, qui pour le coup évoque aussi quelques réalisations italiennes.

Vie à bord

Si certains estiment que le design intérieur est un ton en-dessous de ce à quoi ils s’attendaient, je ne suis pas de cet avis. Pour moi le cockpit, habillé tout de cuir noir ou bicolore, et une totale réussite. C’est beau et sobre comme une allemande, ça respire la qualité avec en plus ce petit je ne sais quoi de personnel qui évoque un certain classicisme sportif, avec cette planche de bord toute en courbes et rondeurs généreuses et des commandes faciles à l’ergonomie simple et logique que l’on a en main très rapidement. Un vrai cocon qui donne envie de dévorer des kilomètres.

La position de conduite est parfaite, d’autant que le siège et le volant sont réglables dans de multiples positions à l’aide de commandes électriques, à mémoire évidemment. Bref, le confort est total, et si toutes les technologies d’une voiture moderne de ce rang sont présentes (j’y reviendrai plus loin), rien d’agressif ni d’ostentatoire ne vient perturber cette sensation que l’on est aux commandes d’une bonne vieille berline sportive au charme intemporel. Il est temps de mettre le contact et d’enfoncer le bouton Start.

Et là…

Performances, moteur, transmission : la fabrique à sensations

Le modèle essayé pendant ces deux jours était le tout haut de gamme, full options et surtout doté de la motorisation la plus huppée, donc ce V6 Bi-Turbo 3,3L développant 370 ch pour un couple de 510 Nm entre 1300 et 4500 tr/mn. Contact, démarrage… Le gros V6 s’ébroue dans un silence feutré mais déjà assez rauque. Comme je l’ai déjà constaté et décrit avec l’Infiniti Q50S Sport tech de 364 chevaux puis le modèle de 405 chevaux avec lequel j’ai roulé pendant quelques mois, les japonais et les coréens savent faire de très bons moteurs mais ces derniers restent très discrets quand il s’agit de les faire un peu monter dans les tours. C’est le cas aussi avec la Stinger, mais dans une certaine mesure. Les premiers tours de roues révèlent immédiatement un tempérament de feu, et une acoustique particulièrement soignée. La voiture est extrêmement silencieuse, mais le moteur sait se faire entendre lors des montées en régime, et le son est absolument délicieux. Rond et rauque, il procure ce petit frisson qui donne en permanence l’envie de tomber un ou deux rapports pour le faire rugir, et la mélodie lors des accélérations évoquerait presque plus le V8 d’une Mustang GT qu’un V6.

Les accélérations sont vives et – disons-le – brutales. Ça vit, ça rugit et ça propulse sérieusement. Il faut dire qu’avec 370 chevaux, une boite séquentielle à 8 rapports (réalisation maison) hyper réactive avec palettes au volant, un mode Sport+ et une transmission intégrale, tous les ingrédients sont réunis pour faire des trous dans le macadam Baléarien, et je vous avoue que je ne m’en suis pas privé. Et là les amis, quel pied ! Cette voiture malgré sa taille et son poids est une véritable voiture de sport. Une balle ! Et c’est là que je reviens à ma comparaison avec la Panamera : c’est avec la Porsche la seule grosse berline « confort » qui donne l’impression de piloter un petit coupé agile et fait oublier ses deux tonnes dès que l’on met le pied dedans. Ce côté Docteur Jekyll et Mister Hyde est ce que je connais de plus magique en matière de conduite automobile car jamais vous n’avez autant l’impression d’avoir deux voitures pour le prix d’une : d’un côté la grosse berline hyper confortable, douce, feutrée, spacieuse et sûre, et de l’autre la bête de sport, agile et rageuse. Et pour passer de l’une à l’autre, il suffit simplement de toucher un bouton (passer en mode Sport ou Sport+) et d’enfoncer un peu la pédale d’accélérateur. Pour la petite histoire, la Stinger descend le 0-100 en 4,9 secondes…

Tout le reste est à l’avenant : la direction est incisive tout en restant douce, le train avant est d’une précision diabolique, l’amortissement est ferme et sans roulis, et le freinage vous colle à la ceinture de sécurité à la moindre impulsion. Purée, c’est vraiment du sérieux, et du très haut niveau. Même mon dernier essai de l’Audi S5 ne ma pas autant impressionné, tant l’Allemande se veut tellement parfaite qu’elle gomme énormément les sensations. La Kia Stinger est au contraire une vraie machine à sensations, et conduire cet engin procure un plaisir brut que l’on finit par retrouver de plus en plus rarement aux commandes des voitures modernes. Rarement une auto essayée ces dernières années ne m’est apparue immédiatement aussi attachante et familière et ne m’a autant causé cette envie de ne plus la quitter.

Technologies embarquées : carton plein mais rien d’inutile

Parallèlement à son côté brut, la Kia Stinger n’a pas oublié d’intégrer les dernières technologies les plus avancées en matière de sécurité, de confort et d’info-divertissement. Parmi les incontournables, et parce-que la liste complète des équipements serait bien trop longue à dresser ici, on retiendra tout d’abord les dispositifs d’aide à la conduite « Drive Wise » avec notamment l’anti-collision avant avec reconnaissance des piétons, le régulateur de vitesse adaptatif, l’assistance au maintien de voie (particulièrement efficace y compris en courbes serrées), le système de détection du trafic arrière et le moniteur panoramique. Un ensemble de technologies qui, associées, offrent une vraie fonctionnalité de conduite autonome ou auto-pilot.

Ajoutez à cela un affichage tête haute (réglable en hauteur) et une reconnaissance optique des panneaux de signalisation, ainsi qu’Apple Car Play, Android Auto, la recharge de smartphone par induction, les sièges chauffants et réfrigérants ainsi qu’un excellent système audio Harman-Kardon à 15 haut-parleurs et 750 watts et vous avez le combo parfait pour les trajets au long cours dans un confort optimal.

En conclusion

Alors bien sûr, la Kia Stinger restera une auto à part dans la gamme et il ne s’en vendra certainement qu’une poignée d’exemplaires dans nos contrées, mais pour un coup d’essai, cet exercice de style est un coup de maitre, et il faut saluer la performance des ingénieurs, designers et concepteurs de Kia pour avoir été capables de se mobiliser sur un projet aussi atypique, et disons-le, audacieux.

La Kia Stinger est disponible mi-novembre en France en deux motorisations : 2,2 L 4 cylindres Turbo-diesel de 200 Ch propulsion et 3,3 L V6 Bi-turbo essence de 370 Ch. La version diesel est déclinée en 3 finitions. Les prix s’échelonnent entre 44 400 euros pour le finition diesel de base à 59 900 pour la GT V6.

J’aime bien

  • La ligne
  • Le moteur !
  • Les performances
  • Les sensations procurées
  • Le confort et l’espace

J’aime moins

  • Quelques petites surcharges stylistiques
  • C’est tout !

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