Conséquence directe du DieselGate, le groupe Volkswagen fait des économies et change de stratégie en misant sur le tout électrique et tout connecté.
Le groupe Volkswagen, victime du scandale DieselGate, est en pleine phase de restructuration. Tour d’horizon de l’avenir du groupe.
Un scandale à la hauteur du groupe
Le groupe VAG, qui pour rappel compte plus d’une dizaine de marques (de Skoda à Bentley, en passant par Scania et Ducati), est l’un de plus grands groupes automobiles de la planète. Il est également l’un des plus gros défenseurs du moteur diesel, notamment promu dans la compétition automobile par Audi, il y a quelques années, avec la victoire successive des R10, R15 et R18 TDI aux 24h du Mans. Il est indéniable que depuis 20 ans, les moteurs TDI ont été parmi les meilleurs moteurs diesel jamais conçus. Ils sont reconnus pour leur performance, confort et sobriété, bien loin de l’image du « moteur de tracteur », comme les nomment avec ironie les puristes du moteur essence.
Les moteurs diesel du groupe, du petit 4 cylindres 1.6 TDI au V6 3.0 TDI, ont nécessité un investissement colossal pour atteindre leur niveau de polyvalence actuel. Cela est rendu possible par le partage des frais de développement entre les différentes marques du groupe, puisqu’on trouve des moteurs TDI installés sous le capot des Skoda Fabia aux Porsche Panamera.
Mais manifestement, afin de booster les performances de ses moteurs et de le rendre encore plus attractifs, le groupe VAG a triché. Une triche permettant d’atteindre des chiffres difficilement accessibles dans la réalité, ou en investissant éventuellement de manière encore plus importante. Maintenant, l’heure est venue d’en payer les conséquences, tant d’un point de vue financier que stratégique.
Économies de masse
Outre-Atlantique, le verdict est récemment tombé. Les Etats-Unis réclament la coquette somme de 15 Milliards de Dollars à Volkswagen pour dédommager clients et pouvoirs publics. Cette somme, peu de groupes automobiles sont en mesure de la donner sans s’approcher de la faillite. Et pourtant, le groupe VAG y parviendra, « seulement » au prix de quelques sacrifices.
Réaliser des économies sur tous les fronts est la tendance actuelle du groupe Volkswagen. Tout d’abord en sport automobile, Audi a annoncé son retrait du championnat d’endurance (après 18 ans de participation et 13 victoires) il y a deux semaines, annonce suivie du retrait de Volkswagen en WRC la semaine dernière. Cela représentera une économie de 300 Millions d’euros pour le premier, et de quelques dizaines de millions d’euros pour le second (n’ayant pas de données plus précises à fournir). Proportionnellement à la somme due, cela ne représente qu’un petit pourcentage.
Mais les économies vont plus loin. Chez Seat par exemple, il est question d’arrêter de produire l’Alhambra (clone du Volkswagen Sharan), dont les ventes sont anecdotiques. Chez Volkswagen, cela se traduit par une rationalisation de la gamme Golf. La version restylée présentée jeudi fait effectivement le ménage dans le catalogue de ses versions et motorisations. La Golf Cabriolet, quant à elle, ne sera pas renouvelée. Et l’avenir de la Sirocco est actuellement plus qu’incertain, aucun prototype camouflé n’ayant été identifié à ce jour.
Au niveau technique aussi, ça se bouscule. Tout d’abord, une rumeur lancée par Der Spiegel selon laquelle Audi envisagerai de tirer un trait sur la plateforme MLB, utilisée par la majorité de sa gamme (de l’A4 aux A8 et Q7). De ce fait, les modèles haut de gamme A6, A7 et A8 de prochaine génération reposeraient sur la plateforme MSB, dédiée aux modèles de luxe du groupe tels que la Porsche Panamera. Conséquence directe, les prochaines A4, A5 et Q5 migreraient sur la plateforme MQB, normalement réservée aux modèles moyenne gamme du groupe.
Et justement, c’est de cette plateforme MQB dont il est question en seconde partie. La durée de vie de cette dernière devrait être prolongée. En effet, lors d’une interview accordée au quotidien financier Börsen, le PDG de Volkswagen, Herbert Diess, a déclaré :
« La plateforme MQB est suffisamment avancée techniquement pour être utilisée pendant deux générations supplémentaires sans avoir besoin d’investissements supplémentaires majeurs. »
Comprenez que la majeure partie des modèles à moteur thermique et hybride du groupe Volkswagen, autrement dit tous les modèles de masse, reposeront sur la même plateforme MQB pour les 20 prochaines années.
Le pari électrique
Que faire après un tel scandale qui réussit à semer le trouble dans le Groupe Volkswagen pourtant imperturbable dans son ascension depuis plus de 20 ans ? La réponse semble toute trouvée : se construire une nouvelle image, en prenant le virage de la voiture électrique. Outre le DieselGate, il semblerait que la réussite de Tesla ne soit pas non plus étrangère à ce changement de cap. Aux USA notamment, Tesla, avec ses Model S et X, truste les ventes de Porsche Panamera et Cayenne, tandis que l’arrivée de la Model 3 fait déjà trembler les cœurs de gamme Audi et Volkswagen.
Actuellement donc, la quasi-totalité du budget Recherche & Développement du groupe se dirige en masse vers le tout électrique et tout connecté. De Volkswagen à Lamborghini, en passant par Audi et Porsche, tous les constructeurs sont concernés.
L’impulsion de ce changement de cap a été donnée par le concept Volkswagen I.D., présentée en marge du dernier Mondial de l’Automobile de Paris. Des mots même du constructeur de Wolfsburg, l’I.D. » marque un tournant. La voiture est aussi révolutionnaire que l’étaient la Coccinelle il y a soixante-dix ans et la première Golf il y a quarante ans « . Avec un tel discours, la vision de Volkswagen est donnée : l’I.D. est la Golf de demain, la voiture du peuple 3.0.
Les dessous de ce concept cachent un élément clé dette nouvelle stratégie : une nouvelle plateforme spécifiquement conçue pour les véhicules électriques. Cette dernière, dénommée MEB (pour Modularer ElektroBaukasten en allemand, soit Modular Electric Toolkit en anglais ou encore Plateforme Modulaire Électrique en français). La particularité de cette plateforme spécifique est de reprendre une architecture similaire aux Tesla avec des batteries sous le plancher, et dégageant alors un espace considérable sur l’avant de la voiture.
Une plateforme qui devrait équiper pas moins de 30 modèles du groupe d’ici 2025. Derrière cette avalanche de voitures électriques, le groupe Volkswagen a pour objectif d’atteindre un volume annuel d’1 millions de véhicules électriques pour cette même année. Les prochains salons seront riches en présentations de concepts-car électriques, surtout du côté de chez Audi.
Changements de programme
En effet, à Ingolstadt, le calendrier des sorties des futurs modèles est bousculé. Notamment la prochaine génération d’A3 et le futur SUV coupé Q4, qui viendrait de prendre un retard d’un an sur la chaine de développement. L’A3 ne devrait pas être remplacée avant 2019, quant au Q4, sa sortie ne devrait pas intervenir avant 2021. La raison évoquée ? Les motorisations. Les ingénieurs planchent sur une nouvelle génération de moteurs diesel et essence, mais très certainement aussi des variantes électriques. Quant au haut de gamme, la rumeur d’une potentielle Audi A8 électrique court. Aura-t-on droit à une motorisation électrique sur l’ensemble de la gamme Audi dans les années qui viennent ? Ce n’est pas improbable.
Chez Porsche, même discours. La transition électrique risque de se faire aussi brutalement que chez Audi. Selon les dires de Michael Steiner, responsable du développement de la marque, l’électrique est la priorité du constructeur. Toute l’attention est portée sur la version de série du concept Mission E, future tueuse de Tesla Model S prévue pour 2020. A tel point que celle-ci retarderait le développement de la future 911, qui, toujours selon le même homme, pourrait passer par la case… hybridation ! La piste qui conduirait à emprunter la technologie utilisée par la 918 Spyder est même envisageable.
Et même chez Lamborghini on parle d’électrique ! Là encore selon les rumeurs, une supercar électrique du nom de Vitola serait en développement à Sant’Agata Bolognese. Lamborghini utiliserait la même base technique que la Mission E, pour proposer des performances extravagantes, supérieures à celles de l’Aventador. On parle d’une puissance aux environs de 800 chevaux pour un 0 à 100 km/h en 2,5 secondes, le tout pour un prix qui sera à la hauteur.
Redirection Sportive
Le dernier indicateur de la nouvelle direction du groupe Volkswagen ? L’annonce de la très forte implication d’Audi (déjà présent avec ABT) en Formula E la saison prochaine. Après son retrait du championnat d’endurance (dont il est question au début d’article), les anneaux comptent véhiculer leur future image écolo-connectée à travers cette nouvelle discipline de sport automobile.. Aucun doute que la marque se donnera les moyens de gagner cette compétition afin de promouvoir sa marque e-tron de la même manière qu’auparavant avec ses moteurs TDI.
Vers une transition irréversible…
Même si cela n’a pas (encore) de grand impact visible pas pour le consommateur, le DieselGate provoque une sérieuse remise en question en interne. Les remaniements, changements de stratégie et de planning sont nombreux. Le groupe Volkswagen, plutôt suiveur que précurseur dans la mobilité électrique, semble opérer un changement de vision radical et sans retour en arrière possible. De ce fait, et grâce à sa forte présence et puissance financière, le groupe peut (et risque) de rattraper son retard et de retourner la situation à son avantage. D’ici 5 à 10 ans, les conséquences seront certainement plus visibles qu’actuellement, et la transition vers du tout-électrique semble elle irréversible.
Sources : Auto Moto und Sport, CarAdvice, InsideEVs, AutoEvolution, CarAdvice (2)
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5 commentaires
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Qu’ils arrêtent de parler de diesel Gate alors qu’il s’agit du VW Gate !
Essence, dieles ou électrique, ce sera toujours un constructeur qui a triché.
Si les pigeons veulent toujours en acheté… Libre à eux !
C’est loin de ne concerner que le groupe VAG. Renault fait partie des constructeurs concernés, et a « triché » de manière encore plus importante que VAG.
De manière globale, presque tous les constructeurs sont concernés d’une manière ou d’une autre (particules fines, CO2, ou consommation), d’Opel à PSA en passant par Ford.
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