Qu’il est bon parfois de revenir à l’un des basiques de l’automobile : le plaisir de conduire. En devenant familial et spacieux, le Mini Clubman n’a perdu ni son âme ni sa personnalité, celles d’une auto aussi joueuse que rigoureuse.
Quand la team BMW – Mini m’a proposé de participer aux essais du nouveau Mini Clubman en même temps que ceux du nouveau BMW X1, j’avoue que je n’ai pas sauté au plafond, car d’une part je souhaitais me concentrer sur le X1, et d’autre part j’avais déjà tâté du Mini à toutes les sauces (gamme, circuit, tout-terrain…) au printemps dernier, à l’occasion du lancement de la version John Cooper Works.
Mais comme notre roadtrip s’étalait sur deux jours et que j’avais bien fait le tour de la question avec le X1, je me suis laissé tenter et c’est non sans curiosité que je me suis glissé à bord d’un joli Mini Clubman nouvelle génération rouge vif dans sa version la plus « sportive », à savoir celle dotée d’un moteur 2 L développant 192 chevaux et 300 Nm de couple.
Et je n’ai pas été déçu…
Le Mini Clubman s’inscrit dans la tradition so british du « break de chasse », un genre quelque peu exotique pour nous autres, dans un pays où un sondage récent désignait la 2 Chevaux comme la voiture préférée des français (une voiture dont la production a cessé il y a 25 ans, no comment…). Mais avec cette nouvelle version, le Clubman gagne deux portes et accède au rang très respectable de véritable break familial : au lieu d’y stocker du gibier on y transportera des enfants ou des animaux encore vivants, ce qui est quand même beaucoup plus sympathique. Même s’il reste une auto à part ayant en quelque sorte créé sa propre catégorie, le Clubman va rejoindre le rang des berlines compactes, du genre qui sert aussi bien aux petits déplacements urbains et péri-urbains mais qui peut aussi emmener une famille en vacances à l’autre bout du pays (bon si c’est le Liechtenstein c’est moins significatif que si c’est le Canada, on est d’accord).
Présentation générale, design
A première vue, le Clubman dans sa livrée rouge m’a fait penser à une Micheline (non pas celle-ci, celle-là), ne me demandez pas pourquoi. Un genre de truc qu’on aurait passé sur la table a écarteler pour l’étirer en longueur et y caser deux portes supplémentaires. A deuxième vue, c’est à dire juste après la première, on réalise que la voiture est vraiment réussie, que ses lignes sont équilibrées, en un mot qu’elle est simplement belle. Le profil épuré conserve le caractère de la gamme Mini alors que la face avant, plus large de 9 cm par rapport au précédent Clubman (c’est énorme en automobile) se fait plus musclée, plus agressive. L’empattement gagne également 10 cm alors que la longueur hors tout passe de 3,983 m à 4,253 m. A titre de comparaison, pour vous donner une idée, une Audi A3 Sportback mesure 4,31, vous voyez qu’on est presque dans les mêmes gabarits. En fait il manque peut-être juste les liserés de bois sur les portes arrière pour définitivement rappeler l’ascendance de ce modèle.
A l’intérieur, le design est inédit, mais on retrouve aussi bien sûr l’esprit Mini, où tout n’est que rondeurs, dans un cocon dont l’intimité est renforcée par une ceinture de caisse haute et une surface vitrée plus réduite que ce que l’on a l’habitude de connaitre sur ce segment.
Concernant le look, nos interlocuteurs chez Mini nous rappelaient que celui-ci est fondamental pour la marque, et qu’il est pour neuf clients sur dix LE critère d’achat principal, voire unique. Grosse pression sur les designers, donc, qui n’ont pas vraiment droit à l’erreur, y compris quand ils déclinent une énième version d’une voiture déjà culte.
Enfin, toujours au sujet du design, la Mini est l’une des voitures les plus personnalisables du marché, avec des centaines de combinaisons possibles, entre coloris (12 teintes de carrosserie et 4 teintes de toit), jantes (9 designs, 4 tailles, 3 coloris), matériaux et options. C’est d’ailleurs Mini qui a été précurseur sur le concept de personnalisation totale en matière d’automobile.
Prise en main, qualités dynamiques, châssis
Alors là les amis, après une journée en X1, qui boxe dans une autre catégorie, j’avoue que se retrouver calé au ras du sol dans un siège aussi enveloppant que confortable, avec des réglages assurant une position de conduite parfaite et bien plus « sport », m’a procuré un plaisir énorme. Et encore cela n’est rien à côté de l’agrément de conduite de la voiture sur les petites routes de la région entre Toulouse en Cahors…
Le démarrage sans clé de contact se fait en actionnant un basculeur « aviation » ou « course » sur la console centrale, et aussitôt le bon moteur ronronne tranquillement, prêt à rugir à la moindre sollicitation, mais étonnamment silencieux en conduite douce. Notre modèle de test était doté de la boite de vitesse manuelle à 6 rapports, mais il existe une option avec boite auto séquentielle 8 rapports avec palettes au volant, dispositif directement issu de chez BM.
Moi qui roule exclusivement avec des voitures à boîte auto + palettes depuis maintenant trois bonnes années, j’avoue que redécouvrir le plaisir d’une boîte mécanique fut assez enthousiasmant, surtout quand on voit à quel point celle de celle Mini est un parfait compromis entre précision et douceur. L’étagement est idéal et les montées en régime juste entrecoupées de passages à la volée me rappellent le plaisir brut que je connaissais aux commandes du Porsche Cayman, alors que nous sommes là aux commandes d’une véritable familiale, d’un genre un peu particulier il est vrai. Lors des rétrogradages, lorsque l’on est en mode sport, outre les pétarades au niveau de l’échappement (un truc de kéké que seuls les petrolheads peuvent comprendre), on a droit au petit coup de gaz automatique qui simule le talon-pointe. Puisque nous parlons de familiale, je peux vous dire que si vous avez la mauvaise idée d’habituer votre marmaille aux joies des déplacements chez les grands-parents avec le Clubman, ils vont avoir vraiment beaucoup de mal à remonter dans un monospace ou même un SUV après, tant le truc est addictif. Vous êtes prévenus.
En fait, en termes de conduite, la différence avec le John Cooper Works est très infime, malgré une différence de puissance de 39 chevaux. Disons qu’il faudra vraiment pousser la bête dans ses derniers retranchements pour sentir la différence, le JCW étant par essence un peu plus brutal.
Côté châssis et comportement routier, je crois que l’on peut difficilement faire mieux dans la catégorie. La direction – douce et directe – est d’une précision diabolique et la voiture s’inscrit dans les courbes avec une facilité déconcertante, sans aucun roulis, et sans cette petite tendance joueuse st survireuse du JCW dans les courbes serrées négociées à rythme soutenu. La voiture est littéralement collée au bitume, et la parfaite harmonie entre la puissance, le couple, les reprises à bas régime et la rigueur des trains roulants démontre une fois de plus que l’on peut réellement se faire plaisir à bord d’une voiture sans que celle-ci affiche 500 chevaux, et à des vitesses compatibles avec la réglementation et la conservation de vos points. Cette voiture fait partie de cette catégorie que j’appelle les « voitures-motos » : des autos qui procurent dès que vous roulez des sensations et du plaisir, a fortiori si vous attaquez un peu sur le couple dans des routes sinueuses sans pour autant faire exploser les radars.
Confort, vie à bord
J’en ai touché deux mots dans le chapitre précédent : cette voiture est extrêmement confortable, ou plutôt, correspond parfaitement à la conception qui est la mienne du confort automobile : position de conduite idéale et reposante, direction douce, commandes tombant très bien sous la main, écran de navigation et info-divertissement haut placé, sièges très enveloppants assurant un calage sur mesure (important pour les tracés sinueux si on ne veut pas finir avec le dos en compote), moteur discret en conduite « normale », freins progressifs et mordants. Maintenant, si votre conception du confort est différente, que vous préférez une position de conduite plus « assise », plus en hauteur avec des surfaces vitrées importantes, le Clubman ne vous conviendra peut-être pas. Personnellement je me suis régalé et après 200 kilomètres à rythme soutenu sur des routes parfois un peu tourmentées, aucun signe de fatigue, ni courbatures ni crampes.
Mini a donc revu sa copie avec ce nouveau Clubman, et a donc avant tout travaillé sur l’habitabilité. Quand vous pénétrez à bord, la première surprise provient de l’espace intérieur. Tout a été optimisé pour rendre les voyages à plusieurs les plus confortables, à commencer bien sûr par les quatre portes et les quatre vraies places, voire cinq pour les plus optimistes. L’espace réservé aux jambes des passagers arrière est étonnant pour une voiture de cette taille, et je ne serais pas étonné qu’il soit même plus important que celui que l’on trouve parfois sur des autos de segment équivalent voire supérieur (n’est-ce pas Audi…).
Le coffre quant à lui offre un volume de 360 à 1250 litres selon la configuration (dossiers de la banquette arrière rabattables en trois parties 40/20/40), et on ne se lasse pas des deux portes d’accès au coffre à ouverture « portière » assistée électriquement, et actionnable également par passage du pied sous le bouclier arrière. C’est joli et rigolo, les gamins vont aussi adorer ça, c’est sûr.
Côté équipements et info-divertissement, l’essentiel des commandes est regroupé sur l’écran central (non-tactile), actionnable via la molette située entre les sièges. On retrouve les fonctionnalités et l’organisation BMW, avec toutefois une interface différente, et plus « fun ». La voiture propose de nombreuses fonctions avancées et connectées, similaires à ce que je vous avais décrit lors de l’essai de la John Cooper Works. Dans sa configuration la plus complète, le Clubman est très richement doté en fonctions connectées, avec quelques astuces et idées très malines que je n’ai pas eu l’occasion de voir dans d’autres voitures, a fortiori sur ce segment. L’interface Mini Connected, que l’on ne s’attend pas à trouver dans un tableau de bord a priori d’abord conçu pour évoquer l’héritage de la marque avec son grand compteur rond central, offre en effet une pléthore de services qu’il serait trop long de décrire ici. Cela étant, outre les essentiels et incontournables services de navigation GPS et autres streaming via BlueTooth de vos playlists musicales, Mini Connected propose également les fonctionnalités suivantes :
- planificateur d’itinéraire
- calendrier (celui de votre smartphone en fait, qui s’affiche sur l’écran de la voiture)
- recherche en ligne Online Search
- Web Radio
- fonction Dynamic Music qui permet d’adapter les pistes sélectionnées selon votre style de conduite
- appel d’urgence automatique
- fils Twitter et Facebook
- info trafic en temps réel (RTTI) avec Mini Connected XL
A noter la disponibilité d’une application mobile très bien conçue qui permet de contrôler de nombreuses fonctionnalités, comme le planificateur d’itinéraire, permettant entre autres de commencer un guidage en voiture et de le terminer à pied. Autre astuce : la gestion de la boite de vitesse automatique est liée aux données du système de navigation pour un passage optimisé des rapports. Malin comme tout, non ?
Un petit bémol sur l’ergonomie générale : à l’instar de ce que j’avais constaté sur le BMW X1, j’ai trouvé qu’il était parfois un peu ardu de retrouver rapidement un réglage dans les nombreuses commandes et basculeurs de la planche de bord.
En conclusion
Le nouveau Mini Clubman est une voiture à part. Très attachant et même addictif, il permet de concilier plaisir de conduire, sportivité, confort et usage familial (coffre de toit recommandé quand même). Le design est flatteur et bien sûr original, et l’allongement de la silhouette ne s’est pas fait au détriment de la personnalité et de l’ADN Mini, que ce soit d’un point de vue esthétique ou dans les qualités dynamiques de la voiture. On prend beaucoup de plaisir à son bord sans pour autant avoir le sentiment que la sécurité soit sacrifiée : la voiture est cossue, « allemande » dans ses finitions et le sérieux de sa fabrication, et la sensation qu’elle est posée sur des rails renforce ce sentiment de bien-être. Un break, certes, mais un break pour rouler différent, loin des bétaillères « société » standardisées et aseptisées qui arpentent aujourd’hui les routes européennes.
Mini Clubman = Maxi fun.
Modèle essayé :
- Mini Cooper S Clubman 192 Chevaux
- Chili red
- Sellerie cuir « Cross Punch » Carbon Black
- Prix du modèle essayé hors options : 29 500,00 €
J’aime
- La ligne
- L’espace intérieur
- La modularité
- Le châssis
- La précision de la direction, la rigueur de l’ensemble
- La facilité de conduite
- Le confort général
- La boite de vitesses manuelle, précise et très bien étagée
- La moteur, vivant et moelleux
J’aime moins
- Le coffre un peu juste
- Amortissement un peu ferme en conduite « familiale »
- L’ergonomie de certaines commandes
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