Le constructeur suédois a présenté à la presse la nouvelle version de son SUV haut de gamme XC90, une voiture équipée des dernières technologies numériques, Apple et Android compris.
Il y a quelques années, nous regrettions le retard pris par le monde de l’automobile à monter dans le train de la révolution numérique, tant les interfaces et autres dispositifs multimédia faisaient peine à voir (et à utiliser) du fait de leur rusticité : pas ou peu de connectivité, systèmes fermés, écrans monochromes basse définition, design d’interfaces d’un autre temps. Bref : sur les vingt années écoulées entre 1990 et 2010, pas grand chose de nouveau dans les habitacles.
Ce constat est désormais obsolète : en quelques années, hormis ces startups atypiques, les marques automobiles historiques ont très largement rattrapé leur retard et ont à leur tout fait leur révolution culturelle en intégrant à marche forcée les dernières technologies numériques (parfois à l’excès ou de façon pas très ergonomique ni sécuritaire) jusqu’à devenir aujourd’hui de véritables pôles d’innovation, parfois même en avance de phase sur le reste de l’industrie.
Des évolutions dont l’accélération a été initiée par deux éléments principaux : d’une part l’exigence des clients, qui n’auraient pas admis beaucoup plus longtemps des interfaces vieillottes alors que ans le même temps leurs smartphones et tablettes établissaient un nouveau standard en matière d’expérience utilisateur. Et d’autre part les impératifs de sécurité, qui, s’ils ont constitué d’abord un frein à l’intégration du multimédia dans la voiture, sont devenus ensuite de véritables accélérateurs technologiques : entre les GPS qui deviennent de vrais assistants intelligents et multimédia, les nombreux dispositifs de « pilotage automatique » (détection d’obstacles, de piétons, de cyclistes et d’animaux, détecteurs de sommeil, de température du corps du conducteur, mais aussi de stress ou de sommeil, correcteurs de trajectoire, freinage automatique, vue tête haute, etc…) et les fonctionnalités simplement dédiées à rendre les voyages plus confortables et agréables, la voiture n’a plus à avoir honte de la comparaison avec l’environnement technologique et numérique que l’on connait dans les autres secteurs de notre vie, notamment au bureau ou dans son salon.
Volvo l’a bien compris, et frappe fort avec la nouvelle version de son vaisseau-amiral, le SUV XC90, présenté à la presse la semaine dernière à Stockholm dans le carde d’un évènement particulièrement prestigieux marquant le retour du constructeur dans la cour du haut de gamme. Pour nous qui nous intéressons avant tout à l’automobile sous l’angle des technologies numériques, ce nouveau XC90 est une très bonne illustration d’une intégration intéressante. L’innovation est d’autant plus bienvenue que la dernière version du gros SUV suédois datait du début des années 2000, à une époque où le cycle moyen de renouvellement d’un modèle automobile se situe plutôt dans les 3/4 ans.
Comme il est désormais de coutume chez la plupart des constructeurs du segment « premium », la console centrale se mue progressivement en un espace très minimaliste, où les boutons disparaissent progressivement au profit d’un écran tactile et d’une molette multifonction, parfois suppléée par un pad sensitif (Audi). Seul Porsche fait – fidèle à son habitude – de la résistance et ne cède pas à ces modes en prenant la voie inverse : un bouton = une fonction, et un écran tactile dédié seulement à la navigation GPS et au multimédia.
« Nous aimons la technologie, mais seulement si elle rend la vie moins compliquée pour les gens »
Volvo a donc pris le chemin de la simplification avec le XC90, mais a poussé le concept encore un cran plus loin avec son interface Sensus, réunissant la plupart des fonctionnalités sur un grand écran tactile juché en haut de la console centrale, complété par un autre écran en face du conducteur, dans ce que l’on appelle communément le tableau de bord. Ici ce ne sont plus des compteurs « physiques » mais une représentation dématérialisée de ceux-ci, ainsi que de la navigation, sur un grand écran qui rappelle celui de la nouvelle Audi TT, avec une option « tête haute » qui projette les données en transparence sur le pare-brise. Concernant l’écran tactile central, la première caractéristique qui frappe est la disposition en mode « portrait » et non pas « paysage » de l’écran de 9 pouces de diagonale. Un peu à la mode Tesla Model S, mais en bien mieux intégré, et bien plus esthétique (l’espèce d’iPad géant qui trône dans la voiture californienne n’est pas très heureux en termes de design et donne à mon sens un côté très cheap au poste de pilotage).
L’écran est donc évidemment tactile, mais il est également « prédictif » : une cellule infrarouge anticipe et analyse les mouvements des doigts afin d’afficher l’information souhaitée sans qu’il soit nécessaire d’exercer une pression sur la dalle, et ça fonctionne même avec des gants. Les mouvements de la main sont également analysés, ce qui permet de naviguer entre les fonctions d’un simple glissement de la main devant l’écran.
Des caractéristiques que l’on a déjà vues ailleurs, mais qui prennent ici tout leur sens quand on manipule réellement l’écran : tout est étonnamment fluide et intuitif. On a ici affaire à un système n’ayant rien à envier à l’agrément d’utilisation d’un iPad, tant du point de vue ergonomique que dans l’esthétique de l’interface utilisateur. Sur un fond noir très sobre s’affichent les données dans un excellent contraste, alors que le rendu des couleurs sur certaines icônes (ou sur les albums des playlists Spotify – un autre suédois) est parfaitement reproduit. Comme je le disais plus haut, on a l’impression d’avoir affaire à une vraie tablette incrustée, dont l’interface rappelle davantage ce que l’on connait dans nos loisirs numériques que ce que l’on a l’habitude de voir dans l’automobile.
Apple et Android réunis dans la même interface !
Et puisque nous parlons « tablette », restons-y. Celle du XC90 offre une caractéristique qu’aucun iPad ou tablette Android ne possède : le système fonctionne avec iOS et Android ! En fait, le nouveau dispositif infotainment de Volvo , qui équipe en premier le XC90 mais sera étendu progressivement à toute la gamme, est compatible avec Apple CarPlay et Android Auto. Ce qui signifie que quelque soit votre smartphone, iPhone ou Android, vous pourrez le connecter (via USB) au système afin d’afficher sur l’écran de la voiture les données offertes par le système d’exploitation. A noter : Apple ayant annoncé un retard sur la disponibilité de CarPlay, celui-ci ne sera pas disponible avant le printemps 2015 (pas plus de précisions sur une date pour le moment).
Le son n’est pas en reste puisque, à l’image d’Audi avec Bang & Olufsen ou Porsche avec Burmeister, Volvo a conclu un accord avec l’équipementier spécialisé Bowers & Wilkins, qui fournit en option un sound system transformant l’habitacle en salle de concert.
Parmi les autres services disponibles dans le système multimédia du XC90, et indépendamment d’iOS et Android, on retiendra principalement la présence d’un hotspot WiFi, la fonction « Glympse » qui permet de partager d’un clic sur l’écran sa localisation avec des amis (pour prévenir que vous serez en retard par exemple), Yelp, Park and Pay, qui permet de trouver et de payer de la voiture une place de parking disponible, Send to Car, qui permet d’envoyer directement à la voiture une destination à partir de sa tablette ou son smartphone, afin d’éviter la tannée de la saisir manuellement dans le GPS intégré. D’autres applications sont déjà présentes, comme Pandora (malheureusement uniquement pour les US) ou encore Wikipedia. La connexion à un smartphone permet en outre d’utiliser une version complète de Spotify, qui s’affiche sur l’écran de la voiture comme sur le mobile.
Notez également que le système de climatisation de la voiture est aussi géré intégralement par l’écran tactile.
Côté conduite et sécurité, Volvo n’a évidemment pas oublié ce qui constitue une grande part de son ADN, faisant du XC90, selon les mots du constructeur, l’une des voitures les plus sûres du monde, pour les passager mais également pour ceux qui sont autour, piétons et cyclistes notamment, avec entre autres le fameux airbag piétons qui se déploie tout autour de la voiture pour diminuer l’impact en cas de choc.
Puisqu’il ne s’agissait que d’une présentation, nous n’avons pas eu encore la possibilité d’essayer la voiture et donc de tester tous ces dispositifs en conduite réelle. Car c’est une chose de se régaler des ces technologies dans le cadre d’une présentation statique, c’en est une autre de gérer toutes ces informations pendant que l’on conduit, et que l’on ne doit normalement pas se laisser distraire par des éléments « perturbateurs ». Nous verrons alors si le dispositif proposé par Volvo est réellement efficace et pertinent, et s’il ne tend pas à déconcentrer le conducteur.
Voici ci-dessous un petit aperçu de l’interface Sensus, même si celle-ci a encore légèrement évolué depuis cette vidéo :
Avec le XC90, Volvo vient (re)jouer dans la cour premium actuellement squattée par le Porsche Cayenne, l’Audi Q7 ou autres VW Touareg et Range Rover. Proposé à des tarifs allant de 50.000 à 90.000 euros selon la motorisation, la finition et le niveau d’option, il offre cependant un avantage concurrentiel important par rapport à ses concurrents : sons système multimédia est installé en standard sur tous les modèles.
Le XC 90 sera disponible début 2015, mais une pré-série limitée à 1927 exemplaires pouvait être commandée sur le site, 1927 correspondant à la date de création de la marque. Volvo a annoncé sur Twitter que l’intégralité des 1927 XC90 First Edition à 91.800€ a été écoulée en 47 heures !
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9 commentaires
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Comme souvent lorsque vous parlez d’automobile sur Presse-Citron, vous citez Audi ou Porsche (ce dernier est d’ailleurs très en retard au niveau des technologies embarquées) et oubliez BMW, qui reste le constructeur le plus avancé sur le sujet.
Ps : le tactile en voiture est une énorme bêtise puisque vous devez regardez où vous posez vos doigts… Pendant ce temps, vous ne regardez pas la route.
@moral : bonne remarque sur les deux points. La raison est simple : nous n’avons pas de contacts avec le service presse BMW pour le moment, mais cela viendra sûrement, et bien sûr nous intégrerons BMW dans nos comparaisons. Notez que nous ne parlons pas de Mercedes non plus, mais cela va changer aussi car la marque vient de nous intégrer dans ses listings, avec un premier évènement récemment et un autre à venir fin septembre. Quant au retard de Porsche dans les technos embarquées, c’est vrai aussi, mais la marque est tellement au-dessus pour tout le reste qu’on lui pardonne beaucoup (en tout cas moi, mais c’est un peu le fanboy qui parle), et quand on roule en Porsche le système d’infotainment n’est pas ce que l’on regarde en premier 🙂 Cela étant la dernière version du PCM avec par exemple la connectivité avec les services Aha devient très intéressante.
Je pense également comme vous que le tactile en voiture peut poser question, mais je me dis que si autant de constructeurs l’adoptent, dont Volvo, réputé pour sa politique de sécurité historique, c’est que cela ne doit pas être aussi stupide que cela.
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Merci pour cet article Eric. Il n’est pas nécessaire de passer par l’écran tactile pour changer de mode ou de station. Lorsque l’on est sur la route il est préférable d’utiliser les commandes au volant. Restez prudent!
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