Dans le petit monde très normé des compactes premium, une nouvelle venue s’invite au bal, l’Infiniti Q30, et elle va faire tourner les têtes. Essai.

(photos : Eric Dupin)

Dans le petit monde très normé des compactes « premium », ce fameux segment C version luxe tant convoité et profitable, une nouvelle venue s’invite au bal, et il va falloir un peu pousser les tables pour lui faire de la place car elle va assurément faire tourner les têtes. Nous avons essayé l’Infiniti Q30 fraichement sortie des presses sur les routes menant de Lisbonne à la côte atlantique, et nous avons aimé.

Le challenge est d’importance pour Infiniti, comme je vous l’expliquais déjà lors de sa présentation mondiale à Francfort 2015. Infiniti, qui en quelque sorte n’a pas le droit à l’erreur sur ce lancement, soigneusement préparé et teasé depuis maintenant plus de deux ans. Il s’agit pour la marque premium de Nissan d’aller gaillardement chasser sur les terres farouchement gardées des Mercedes Classe A, Audi A3 et autre BMW Série 1. Pas vraiment du menu fretin, voyez-vous. Et Infiniti part de loin, tant les ventes de la marque en Europe sont encore confidentielles, malgré le succès grandissant et visible de sa berline Q50, qui au-delà de la clientèle des particuliers, est de plus en plus prisée des flottes d’entreprises… et des VTC.

De fait, avec ce nouveau modèle, Infiniti vise le « mass market » européen dans un premier temps, puis chinois et américain. Si tant est que l’on puisse parler de marché de masse avec une voiture positionnée sur le segment haut de gamme, dont les prix vont s’échelonner de 26.000 à 45.000 euros selon la version et les options choisies.

IMG_1046Et c’est vrai qu’il y en a pour tous les goûts puisque si l’on prend en compte toutes les combinaisons possibles, ce sont pas moins de 5 versions de la Q30 qui sont proposées : deux moteurs essence de 1.6 litre développant respectivement 120 et 154 chevaux, et deux moteurs diesel de 1.5 litre (107 chevaux) et 2.2 litres (170 chevaux, celui qui équipe déjà le Q50 et le Q70). Enfin, le haut de gamme sportif sera doté du moteur 2 litres quatre cylindres Turbo de de 210 chevaux équipant déjà la Q50 T que nous avions essayée en décembre 2014. Autant dire qu’avec une telle cavalerie dans une voiture compacte, ça va envoyer un peu de bois. Et c’est ce modèle que nous avons essayé lors de ces trois jours dans et autour de Lisbonne.

Les finitions sont à l’avenant, avec plusieurs niveaux, allant de l’intérieur tissu à l’habillage tout cuir surpiqué, en passant par l’alcantara dans le modèle Sport.

Toutes les Q30, même le modèle « de base », seront dotés d’équipements comme la caméra 360 ou encore la double sortie chromée d’échappements.

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Présentation générale, design

Bon, je ne vais pas vous mentir, j’ai un petit faible pour le coup de crayon des designers Infiniti, et ma plus grande crainte avant la révélation officielle du Q30 était que les concepteurs, pour rendre la voiture la plus « neutre » possible pour le marché visé, se fourvoient en édulcorant toutes les caractéristiques qui rendent une Infiniti reconnaissable immédiatement : roues de grand diamètre, ceinture de caisse surélevée, mix improbable entre rondeurs et lignes acérées, regard de raptor. Et bien je peux vous dire que ce n’est pas le cas, et que les amoureux de la marque peuvent être soulagés : enfin sortie de l’ambiance confinée et de l’éclairage particulier des salons automobiles, et découverte dans un environnement naturel à la lumière du jour, l’Infiniti Q30 est vraiment une belle auto, et l’effet wow est largement présent dès le premier regard. Décidément les designers de la marque ont quelque-chose en plus, et il suffisait de voir les regards parfois interloqués et des têtes qui se tournaient à Lisbonne au passage de l’engin pour s’en convaincre : cette voiture est bien née, et « disruptive » dans son segment.

Infiniti explique d’ailleurs que la Q30 « invente » à elle seule une sorte de nouvelle catégorie, situé entre la berline compacte classique à haillon et le 4×4 urbain : la caisse surélevée de 30 millimètres par rapport à la moyenne du segment, la ceinture de caisse haute et les roues de 19 pouces lui confèrent un petit côté « command car » qui participe largement de sa personnalité à part.

IMG_1105 IMG_1232 IMG_1265Les concepteurs n’ont par ailleurs pas lésiné sur les finitions extérieures puisque celles-ci ne font appel qu’à des matériaux nobles, métal, chrome, verre et surfaces laquées. Un détail qui montre bien la minutie et l’attention portée aux finitions : l’intégralité des dispositifs d’éclairage est constituée de leds, y compris clignotants et feux de recul.

Prise en main, qualités dynamiques, châssis

Depuis l’arrivée de la berline Q50, on a découvert une nouvelle caractéristique chez Infiniti : cette capacité à concevoir des voitures mixant à la quasi-perfection qualité routières de très haut niveau et confort exceptionnel. Tous mes collègues journalistes spécialisés sont unanimes sur ce point : on retrouve dans la Q30 cette caractéristique. Dès les premiers tours de roue on se sent chez soi à bord. La voiture offre un confort remarquable et sans compromis, avec une position de conduite presque idéale (mais un peu plus difficile à trouver que celle du Q50 et ses incroyables sièges « NASA ») et un silence de fonctionnement étonnant, renforcé il est vrai « artificiellement » par un dispositif d’annulation de bruit consistant à l’émission d’une onde sonore négative par les haut-parleurs de la voiture.

IMG_1256Le modèle que j’ai essayé était donc la version la plus puissante, la 2L Turbo, à transmission intégrale équipée d’un moteur développant 211 chevaux d’origine Mercedes capable de fournir un départ arrêté de 0 à 100 en 7,2 secondes et un vitesse de pointe de 230 km/h. Si le moteur offre donc des performances de bon niveau, il n’en n’est pas de même de l’agrément ressenti. Comme je l’avais déjà évoqué lors de l’essai de la Q50T dotée du même moteur, le son de crécelle et la linéarité de l’ensemble tranchent par rapport à la personnalité de la voiture. On aimerait quelque-chose de plus « brut », et une sonorité plus flatteuse aux sorties d’échappement, montrant que la Q30T n’est pas qu’une auto toute en douceur. De ce point de vue, une Mini JCW ou une Audi S1, à niveau de performances équivalentes, marquent davantage leur territoire en matière de sensations « sportives ».

Côté châssis, rien de particulier à relever. Que ce soit sur autoroute ou sur les petites routes de la côte portugaise, la voiture reste un plaisir à manier, la direction est franche et précise et l’amortissement, idéalement ferme à mon goût, offre des qualités routières de haut niveau. Avec ses quatre roues motrices et son format relativement compact, la voiture est collée au bitume et vire à plat même quand on la brusque un peu dans les virage serrés. Un bon point quand on sait que le modèle essayé accuse quand même 1545 kg sur la balance pour une longueur de 4,425 m, ce qui la place dans les « grandes compactes ».

Un mot sur la boite de vitesse robotisée à double-embrayage et 7 rapports pilotable à l’aide de palettes au volant ou en mode tout automatique : elle est bien étagée et un poil plus réactive que celle qui équipe la Q50S.

Confort, vie à bord

Nous l’avons déjà vu, le confort est l’un des points forts chez Infiniti, qui maitrise parfaitement ce côté moelleux et tout en douceur que l’on peut attendre d’une voiture premium. La Q30 ne faillit pas à la règle et la vie à bord n’est que calme et volupté. Le modèle essayé n’était pourtant pas doté de toutes les options, qui dans leur version complète offrent de nombreux équipements, comme la vision à 360° pendant les manœuvres, la caméra avant et arrière, les dispositifs radar anti-collision, le régulateur de vitesse adaptatif, les sièges électriques à mémoire, une sono Böse et de nombreuses autres dotations. Dans sa version Sport, on a cependant droit – outre une caisse légèrement surbaissée – à des sièges alcantara monobloc, eux aussi empruntés à la Mercedes Classe A.

IMG_1281 IMG_1282 IMG_1283 IMG_1287 IMG_1293Côté finitions, c’est simplement superbe, avec selon les versions et les personnalisations (nombreuses) des inserts de bois, d’aluminium, des plastiques laqués « piano » et des habillages cuir nappa surpiqués du plus bel effet. L’habitabilité est excellente aux places avant, et plus juste derrière, comme souvent avec les modèles de cette catégorie, impression renforcée par le fait que le dossier de la banquette arrière est très vertical. Ce qui a aussi pour effet de libérer de la place pour le coffre, offrant une capacité de 368 litres.

La sono Böse fournit sans surprise une qualité audio de haut niveau, et vous pouvez lire vos playlists en streaming BlueTooth sans connexion filaire, même si la console centrale offre deux prises USB pour brancher et recharger un smartphone, lecteur mp3 ou une tablette.

L’infiniti Q30 est équipée également d’un dispositif de parking autonome Auto Park relié aux caméras 360° de la voiture, permettant à celle-ci de se garer sans que vous ayez à vous en occuper, à part contrôler un filet de gaz. A noter également le Lane Departure Warning, système de vigilance qui envoie une vibration dans le volant si la voiture est en train de dévier de la trajectoire. L’impulsion est envoyée du côté du volant où la voiture dérive.

Le système d’info-divertissement fait bien son job, via un écran tactile 7 pouces là aussi un poil plus réactif que sur le Q50, mais plus basique également puisqu’il ne propose pas de deuxième écran connu sur la Q50. On aurait aimé un peu plus d’audace de la part d’Infiniti de ce point de vue, avec pourquoi pas l’intégration native d’Apple CarPlay et/ou Android Auto.

En conclusion

Sur les 200.000 voitures qu’Infiniti vend par an dans le monde, principalement aux USA, en Chine et en Russie, seules 12.000 sont écoulées en Europe, où la marque reste encore sur une niche confidentielle typée « luxe ». Cela étant la progression est spectaculaire puisque ce chiffre double chaque année depuis 2013. La Q30 devrait définitivement installer la marque dans la cour des grandes à l’horizon 2020. C’est en tout cas tout l’enjeu de ce nouveau modèle, qui sera suivi par d’autres, puisque alors que j’écris ces lignes est présentée au salon de Los Angeles la version QX30, la vraie déclinaison SUV de la Q30, et que le coupé GT Q60 ne devrait pas tarder à suivre, avec une présentation pressentie pour Detroit en janvier 2016.

Cette Q30, bien plus typée, fun et racée que la concurrence (une Audi A3 malgré toutes ses qualités est bien fade à côté) devrait sans aucun doute rencontrer son public parmi une clientèle jeune et urbaine en quête d’innovation et de redéfinition des codes.

J’aime

  • le look ravageur et excentrique
  • les grosses roues
  • le confort
  • la vie à bord

J’aime moins

  • moteur fade et trop linéaire, son quelconque
  • le système d’info-divertissement, un peu trop basique

Caractéristiques générales de l’Infiniti Q30T 2L Turbo

  • Moteur : 4 cyl. essence turbo
  • Cylindrée : 1 991 cm3
  • Puissance : 211 ch à 5 500 tr/min
  • Couple : 350 Nm à 1 200 – 4 000 tr/min
  • Transmission : intégrale 4 roues motrices
  • Boîte : double embrayage 7 rapports
  • Dimensions : 4 425 x 1 805 x 1 495 mm
  • Coffre : 368 L
  • 0 à 100 km/h : 7,2 s
  • Vitesse : 230 km/h
  • Consommation : 8,6 l au 100 km
  • CO2 : 149 g/km
  • Poids : 1 545 kg
  • Prix : à partir de 41 030 euros