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(essai) Nouvelle Audi A4 : de la techno et de la puissance en plus, du CO2 en moins

L’Audi A4, le modèle emblématique (et historique) d’Audi vient de faire peau neuve. Et pour lancer la nouvelle version de sa berline compacte, les concepteurs d’Ingolstadt ont mis le paquet sur l’innovation et les technologies embarquées. De la conduite autonome au système d’info-divertissement avec des vrais morceaux d’Apple et d’Android dedans, en passant évidemment par le châssis, la ligne et les motorisations, tout est nouveau dans cette A4 2016. Et le résultat est plutôt réussi. Rappelons pour la petite (et la grande) histoire que l’A4 est le modèle le plus vendu de la marque, avec 6 millions d’exemplaires produits en 20 ans.

Présentation générale, design, motorisation

Difficile d’innover avec un véhicule aussi iconique que l’Audi A4, et tellement représentatif de la marque. Tout d’abord parce-qu’il faut conserver l’identité graphique du modèle afin de ne pas dérouter les habitués, ensuite parce-qu’il faut s’inscrire dans une continuité qui soit de nature à ne pas démoder trop rapidement le modèle précédent, et ainsi lui préserver une bonne côte sur le marché de l’occasion, ce qui contribue indirectement à la valeur de la marque. Les constructeurs allemands sont passés maitres dans cet art du changement sans rupture, et Audi le prouve avec cette A4, 2016, entièrement nouvelle et pourtant déjà si familière.

Nous avons essayé plusieurs modèles et plusieurs coloris, du (trop) classique gris sombre au rouge vif, et de la berline 4 portes au break Avant, et ce en version diesel et essence. Même si Audi possède une longue expérience du design des breaks, je ne suis pas très fans des bétaillères, et ma préférence va naturellement à la berline. C’est mon côté old school que voulez-vous : en matière de familiale je suis certainement l’un des derniers résistants européens à préférer de loin les lignes d’une berline trois corps aux breaks, monospaces ou autres SUV, même si je reconnais qu’il existe aussi des modèles superbes dans ces formats.

Avec une longueur de 4,73 pour 1,84 m de large et 1,43m de haut, la nouvelle A4 a gagné en volume extérieur et sa ligne se révèle plus dynamique, plus tendue puisque par rapport au modèle précédent, cette « B9 » (c’est son n° de séquence) est plus longue, plus large et plus basse que la version précédente tout en ayant subi une sérieuse cure d’amaigrissement puisque selon le modèle le gain de poids atteint 120 kg. Des différences qui peuvent paraitre anecdotiques mais qui se voient tout de suite : la voiture est plus racée, plus musclée et plus imposante, à tel point que sous certains angles et selon la lumière on pourrait croire que l’on a affaire à une A6 pour les dimensions, voire une A8 pour les proportions et la ligne générale.

D’importants efforts ont également été effectués dans le domaine de la consommation et des émissions de CO2 : l’Audi A4 berline bénéficie d’un coefficient de trainée aérodynamique de 0,23, le meilleur de la catégorie selon Audi. Le taux d’émission de C02 a également été revu à la baisse puisque l’Audi A4 Berline 2.0 TDI de 150 chevaux n’émet que 95 g / 100 km, alors que pour l’équivalent essence 2.0 TFSI les émissions sont de 109 g / 100 km.

Au total, les nouvelles Audi A4 sont disponibles en France avec 7 motorisations différentes : 3 versions essence TFSI et 4 diesel TDI, avec des puissances qui s’étendent de 150 à 272 chevaux.

Je ne suis pas fan de diesel (en vérité je déteste ça, pour de multiples raisons) mais je dois avouer que je suis toujours agréablement surpris quand j’essaie une allemande Premium dotée d’une telle motorisation, et ce fut encore le cas cette fois : le 3.0 V6 TDI de 272 chevaux ronronne aussi discrètement et avec la même fluidité qu’un moteur essence, avec en bonus un couple qui vous colle au siège à la moindre sollicitation de l’accélérateur, le tout dans un silence étonnant. Bon après, passé 3500 tours il ne se passe plus grand chose, mais ce n’est pas grave puisque vous avez déjà mis une bonne distance entre vous et vos poursuivants, dans un plaisir de conduite « différent », tout en nuances dans les bas régimes, sur le même rapport de boite.

Prise en main, qualités dynamiques, châssis

Ceux qui connaissent la marque et qui ont déjà eu l’occasion de s’asseoir à bord d’une A4 le savent : cette auto est l’une des références mondiales en termes de qualités dynamiques et de rigueur de chassis. Facile à conduire, de dimensions raisonnables, l’A4 vous rend la vie facile et sa prise en main est immédiate. Cette nouvelle version ne faillit pas à la règle. L’ergonomie à bord est claire et très vite familière, même s’il vaut mieux prévoir un petit temps de prise en main pour maitriser toutes les nouveautés du nouveau tableau de bord et des nouvelles commandes. L’idée ici a été de simplifier et épurer, selon une tendance générale. En substance, tout se passe sur les trois points cardinaux que sont la molette de sélection des fonctions sur la console, l’écran central « flottant » 8,3 pouces qui culmine en haut de la planche de bord, et le Virtual Cockpit (en option) formé d’un écran de 12,3 pouces qui remplace les cadrans du tableau de bord et fournit toutes les indications nécessaires à la conduite, de façon entièrement modulable.

La position de conduite idéale est trouvée facilement grâce aux sièges et au volant à multiples réglages électriques permettant de se concocter une assise sur mesure. Côté tenue de route, que ce soit en traction avant ou transmission intégrale, on sent que des progrès ont encore été accomplis, et que la voiture fait corps avec le macadam, à tel point qu’il parait très difficile de la prendre en défaut, même dans les courbes serrées négociées à allure soutenue dans les Gorges du Verdon, théâtre de nos essais dans une boucle de deux jours entre Aix en Provence et… Aix en Provence.

Nous avons pu tester les deux boites de vitesse « automatiques », à savoir S Tronic à 7 rapports et Tiptronic à 8 rapports. Très sincèrement je n’ai pas constaté de différence flagrante entre les deux, si ce n’est que l’une d’entre elles envoie un petit coup de gaz « talon-pointe » au rétrogradage, ce qui fait toujours son petit effet et rend la conduite un peu plus fun.

A partir des versions 190 chevaux le système Audi Drive Select permet quant à lui de choisir parmi deux configurations : Confort et Sport. En option, la direction dynamique varie son ration en fonction de la vitesse et de l’angle de braquage.

Confort, vie à bord

Parmi les berlines « courantes », conduire une Audi reste pour moi toujours une expérience un peu à part, probablement due en grande partie à ce mix entre perfection de la qualité et des finitions, technologies et discrétion. Si une marque doit caractériser cette notion de plus en plus utilisée de « premium », c’est à mon sens Audi avant toute autre. Avec cette version 2016, la marque allemande a encore réussi l’impossible : améliorer encore la qualité perçue de l’habitacle, que ce soit au niveau des matériaux et texture que des assemblages, qui semblent être passés du millimètre au micron.

Une grande douceur se dégage de l’ensemble, même si en mode Sport les suspensions se font évidemment plus fermes, sensation renforcée avec les jantes de 19 pouces chaussées de pneus taille basse, rigueur de tenue de route oblige.

La vision frontale ou périphérique est bonne, et l’acoustique de la voiture contribue à son côté reposant : pas de bruits parasites, une bonne isolation des bruits extérieurs notamment aérodynamiques (pratiquement inexistants), et un niveau sonore très bas dans l’habitacle, à part les inévitables bruits de roulement, que j’ai trouvés un peu élevés, plus que dans une Infiniti Q50S par exemple [1], pour comparer avec une voiture de catégorie similaire.

Haute technologie à tous les étages

Mais vous le savez sûrement, au-delà des qualités routières et motoristiques (?) d’un véhicule automobile, en tant que geek, c’est aussi la technologie embarquée qui m’intéresse dans une auto. Non pas pour le simple plaisir de jouer avec des boutons et des écrans (et on sait qu’en la matière le meilleur peut côtoyer le pire, y compris dans des bagnoles très chères), mais parce-que les technologies numériques influent sur de nombreux facteurs-clés en matière d’automobile, qu’il s’agisse de sécurité, d’ergonomie et bien sûr de confort.

La high-tech est un peu la signature de cette Audi A4 2016, et je dois dire qu’en la matière, les ingénieurs d’Ingolstadt se sont lâchés. Audi n’hésite pas à qualifier la nouvelle A4 de « voiture la plus avancées technologiquement de sa catégorie », et nous ne serions pas loin de le croire.

Du point de vue des technos, Audi a mis le paquet sur deux postes : les aides à la conduite et le dispositif d’info-divertissement. Concernant les aides à la conduite, on s’approche de cet espèce de mantra actuel sur la voiture « autonome » qui conduit ou se conduit à votre place. Ainsi, outre la visée tête haute (qui affiche avec hauteur réglable sur le pare-brise quelques données extraites du GPS en plus de la vitesse autorisée et la vitesse réelle) on trouve le désormais classique Lane Assist qui aide à rester sur sa voie, ainsi que l’adaptive cruise control avec fonction Stop &Go et Traffic Jam Assistant (assistant embouteillage), qui prend en compte plusieurs paramètres comme le marquage au sol et le trafic. D’autres innovations apportent également leur contribution à la sécurité du conducteur, telles que le parkassist, le rear cross-trafic assist, l’avertisseur de sortie, l’assistant d’évitement collision, l’assistant de changement de direction et l’Audi presense. La reconnaissance des panneaux de signalisation grâce à une caméra est également disponible. Concernant l’avertisseur de sortie, il s’agit d’une vraie innovation au concept aussi original que sécurisant : si vous vous apprêtez à ouvrir votre portière pour sortir de la voiture et qu’une auto, une moto ou un cycliste arrive, l’éclairage intégré dans la garniture de porte se met à clignoter en rouge vif alors qu’une alarme retentit simultanément. De quoi éviter quelques malheureux scénarios d’accidents idiots.

Bien sûr nous n’avons pas résisté à la tentation de tester les systèmes d’aide à la conduite et de pilotage automatique, sur autoroute bien sûr. Une fois tous les systèmes enclenchés (mode d’emploi ou formation conseillée pour tout identifier), la voiture se cale à la vitesse souhaitée, freine quand la voiture précédente ralentit, et vice-versa. Le suivi de la trajectoire (et le reste d’ailleurs) est du même acabit que ce que j’expliquais et montrais dans cette vidéo avec l’Infiniti Q50S, avec toutefois une fonctionnalité supplémentaire : l’A4 lit les panneaux de signalisation, mais elle fait mieux que cela en les interprétant de façon dynamique, et en adaptant votre vitesse à la vitesse autorisée. Ce qui parfois peut surprendre un peu, notamment quand la voiture accélère alors que vous ne lui avez rien demandé.

Bon, ces dispositifs sont intéressants, et comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, ils sont sécurisants et reposants, à condition d’en faire un usage responsable, car c’est vous qui restez en toutes circonstances maitre du jeu. Maintenant, il reste une interrogation en suspens, qui fait douter de la réelle utilité de ces systèmes de pilotage assisté : quand on lâche complètement le volant de la voiture – ce qui est quand même un peu le but en mode « auto-pilot » – celle-ci émet un bip sonore et affiche un message vous demandant de remettre vos mains sur le volant, au bout de 5 secondes. Pire : si vous ne le faites pas, au lieu de continuer à suivre sa voie, l’aide de suivi de trajectoire se désactive et la voiture part tout droit. Cette contrainte est certainement dictée par la législation mais elle rend à mon avis caduque tout système de conduite autonome, à tel point qu’on peut s’interroger sur l’utilité de ceux-ci. Sans compter que pour garantir la sécurité en forçant le conducteur à reprendre le contrôle, on crée un danger en laissant la voiture dériver. Étrange…

Mais la technologie a donc également investi le système d’info-divertissement de la voiture. Ainsi est-elle dotée d’une connexion 4G permanente transformant celle-ci en hotspot WiFi et permettant d’accéder à quelques services en ligne (email entre autres), mais le plus intéressant est certainement l’arrivée et l’intégration d’Apple CarPlay et Android Auto, qui permettent d’afficher sur l’écran central de la voiture une version déportée et simplifiée du système d’exploitation de votre mobile. Ayant en ma possession un iPhone, j’ai donc pu tester Apple CarPlay (voir vidéo ci-après) et j’ai été agréablement surpris par la facilité d’activation. En gros il n’y a rien à faire, pas d’application à installer, rien à paramétrer, il suffit de connecter son iPhone avec son câble USB et d’activer CarPlay d’un clic sur la molette de la console centrale. Les applications sélectionnées dans CarPlay s’affichent alors sur l’écran de la voiture et vous naviguez dedans comme dans les autres menus du système. C’est simple, ergonomique et pratique. Concernant Android, le fonctionnement est à peu près le même à la différence près qu’il faut préalablement installer une application sur son smartphone et que selon ceux qui ont testé, cela nécessite quelques réglages en plus.

Autre technologie aussi étonnante qu’exclusive : l’éclairage intelligent Matrix Led (en option), doté d’un dispositif anti-éblouissement capable de se moduler automatiquement si la voiture détecte un véhicule arrivant en face. Le faisceau lumineux « s’écarte » alors pour ne pas éblouir, tout en continuant à éclairer normalement tout autour de la voiture que vous croisez.

Je ne pourrais pas terminer ce chapitre sur le confort et la vie à bord sans mentionner l’excellente sono Bang & Olufsen équipant nos véhicules d’essai et qui envoie du gros son 3D, le GPS Google Earth hyper fluide, l’éclairage intérieur à LEDs aux ambiances de couleurs adaptables selon vos préférences, et enfin la Phone Box qui permet de recharger un smartphone compatible par induction et de le connecter à l’antenne de la voiture pour une meilleure réception.

En conclusion

Nouvelle robe, nouveaux moteurs, nouvelles technologies, l’Audi A4 revient en force avec de nombreux arguments pour séduire. C’est pour moi l’archétype de la belle berline « raisonnable » pour celui ou celle qui préférera investir dans une certaine sobriété faite de classe et de qualité, les équipements technologiques et le confort plutôt que dans l’apparat. Une certaine idée du luxe, qui se manifeste plutôt à l’intérieur, ce qui est somme toute relativement logique puisque c’est là que nous passons notre temps quand nous sommes en voiture.

J’aime bien

J’aime moins

Tarifs : de 30 850 € à 60 000 €

Modèles essayés :

[1] Infiniti est partenaire Premium de Presse-citron